
La
pensée est une force invisible qui emplit l’esprit humain. Elle
traverse les distances, gravit le plus haut et l’invisible, à l’image
du vent. Rado l'exprime avec intensité dans ce court poème intitulé
Eritreritra (Pensée), extrait du recueil Sedra, page 51. Il y révèle la
puissance et la profondeur de la pensée. Elle rapproche ceux que la
distance sépare, et libère ceux qui s’enferment dans un cœur brisé.
PENSEES
Libérons nos pensées pour qu’elles se rejoignent,
et les chaînes divisant nos chemins se briseront.
Laissons surtout nos chagrins s’accorder,
et l’exil de l’amour sera ainsi anéanti.
Les chaînes ne se rompront ni ne contraindront ma réflexion,
si mes pensées fidèles te rejoignent sans cesse
Car nulle prison n’étouffera ma vie,
tant que ton chagrin résonne dans mon cœur.
Traduction libre de "Eritreritra", poème de Rado par Toetra Ràja
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ERITRERITRA
Ny eritreritra ihany no alefaso hifanandrify
Dia ho maito izato gadra mampisaraka ny dia
Ny alahelontsika koa, aoka indrindra hifanitsy
dia ho foana ny elanelan-tsesitanin'ny fitia
Fa ny tady tsy ho maito tsy hangeja ny fisainako
Raha manojo anao hatrany irony eritreri-mamiko.
Fa ny fonja koa akory, tsy hanempotra ny fiainako
Raha miako aty am-poko ny alahelonao mankamiko.
RADO
(In SEDRA tak 51)
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La pensée rapproche les éloignés. Les pensées qui convergent
unissent les éloignés. Dès les premiers vers, Rado frappe par la force
de son ouverture :
"Libérons nos pensées pour
qu’elles se rejoignent,
et les chaînes divisant nos
chemins se briseront."
Dans son sens littéral, "maito" désigne ce qui se rompt soudainement,
s’achève sans retour (Rakibolana Rakipahalalana). L’être aimé auquel on
pense demeure présent, même si la distance s’interpose. Elle relie ceux
que les chemins ont séparés, et unit dans l’amour profond les esprits
qui s’accordent.
Rado poursuit :
"Laissons surtout nos chagrins
s’accorder,
et l’exil de l’amour sera
ainsi anéanti."
Quand les pensées se croisent, les cœurs semblent se rejoindre,
malgré la distance.
Lorsque les pensées se rejoignent, les cœurs eux aussi se rencontrent,
même tenus sur des rives lointaines. La communion des pensées resserre
les liens du cœur.
Lorsque les pensées se rejoignent, elles libèrent ceux qui se murent
dans la douleur. Ces vers du deuxième quatrain le confirment :
"Les chaînes ne se rompront ni ne
contraindront ma réflexion,
si mes pensées fidèles te
rejoignent sans cesse"
L’absence de l’être aimé ronge l’âme, mais cette peine s’allège quand
les pensées se rejoignent. La pensée dissipe mille inquiétudes, apaise
le trouble de la mémoire, et son écho éclaire l’esprit.
Rado conclut son poème par une affirmation saisissante :
"Car nulle prison n’étouffera ma
vie,
tant que ton chagrin résonne
dans mon cœur."
La prison symbolise ici la douleur de la séparation. Quand l’aimé est
absent, tout devient obscur et clos comme une geôle. Mais cette épreuve
disparait dès que le message des pensées réciproques se fait sentir. Le
dialogue intérieur des esprits apaise l’âme et réconforte le cœur.
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